Il y a 9 ans, nous étions en 2008. Je ne sais pas pour vous, mais pour les vignes, 2008, il faut l’admettre, n’est pas 2005, 2010, 2015 et pour cause, le millésime 2008 est farouchement 2008. Tout a commencé bof mais finalement pas si bof que cela car au printemps, une bonne dose de millerandage* (mauvaise fécondation, et oui, ça arrive même à la vigne) s’est produite et certains vignerons l’aiment bien car cela favorise un bon rapport jus/peau. Je m’explique, les raisins millerandés sont plus petits, donc, plus de peau pour moins de pulpe (futur jus). Et quand on sait que c’est dans la peau que se trouvent plein de bonnes choses (polyphénols, tanins, arômes, antioxydants… tous les ingrédients du French Paradox*), on se dit qu’il y en aura encore plus dans le vin alors on aime bien. Certains avancent même que la petite taille de la baie favorise la tenue du vin au vieillissement et, par corrélation, j’ajouterais la nôtre aussi ! Mais reprenons, nous sommes en juin 2008, du millerandage, donc vin de garde en perspective. JE ne sais pas pour vous, mais finalement pour le raisin, tout est ok jusque l’été… Météo France nous le raconte : « La France a connu un été plutôt mitigé…caractérisé par un temps changeant. Il n’y a pas eu de période anticyclonique établie durablement … Les circulations atmosphériques de secteur sud-ouest ont été les plus fréquentes, souvent accompagnées d’un temps pluvieux ou orageux. » . Comprendre : l’été fut bien pourri. Et là, qu’est ce qui fait la différence dans le vignoble ? C’est le vigneron ! 2008 est donc un de ces fameux millésimes de vigneron. Par exemple, chez Mortet (tiens-donc, justement, ça tombe bien car Lindaboie vous propose son exceptionnel Clos Vougeot)… Donc, chez Mortet, qu’est-ce qu’on fait dans ce cas-là? Eh bien, déjà, on sait que les racines sont bien profondes et à l’abri de l’eau en surface grâce à un long travail d’amélioration des sols entamé par Denis, le père (exit les désherbants, engrais chimiques. Tous les amendements sont organiques depuis 1996). Merci papa. Arnaud, le fils, prolonge alors ce travail (labours à cheval, culture bio). Mais cela ne suffit pas encore et Arnaud, cette année-là et dès le printemps, met la vigne en condition pour résister au « temps mitigé ». Il fait en sorte qu’aucun raisin ni aucune feuille ne se touchent (un jardinier japonais ne ferait pas mieux). Une équipe de 15 personnes passe et repasse dans la vigne en permanence ! La raison : éviter que les fameux oidium, mildiou ou autre saloperie favorisée par un temps humide ne se propage sur les raisins. Ensuite, il n’y a plus qu’à espérer que le miracle se produise. Et il se produit ! Il s’appelle le Vent du Nord. Et là, Avec le vent du nord qui vient s’écarteler, Avec le vent du nord écoutez le sécher, Ce beau raisin qui est le (futur) tien. L’espoir renaît, on goûte la peau, on suce le pépin, on s’excite, on se réjouit on admire les beaux couchers de soleil, sans nuage. Mais il ne faut trop s’exciter quand même et se retenir, avoir les nerfs solides et ne pas se précipiter pour profiter la belle lumière de fin septembre qui se charge de finir la maturité du raisin et d’optimiser la concentration des baies et la maturité physiologique. Alors, vers le 26/30 septembre, il n’y plus qu’à le cueillir ce beau raisin, juteux et offert. Et oui, tout se mérite. Et à la Romanée ? A Chassagne-Montrachet ? En Côte de Beaune ? A 42 km de Clos Vougeot ? Que se passe-t-il donc ? Et bien le vent du Nord y a été aussi miraculeux qu’en Côte de Nuits. Le temps frais sec et ensoleillé a eu des effets mélioratifs (et oui, cela se dit… mais on peut dire aussi que c’était tip-top pour le chardonnay ! ). Résultat : haut niveau de sucre et d’acidité (oui, c’est peu laborantin comme description mais on peut dire aussi, que le jus était tip-top !).
Voilà donc ici, deux très beaux spécimen de 2008 à portée de main. Je pourrais vous compter la formidable richesse historique des terres du Clos de Vougeot et de la Romanée, mais on ne peut pas tout faire et à chaque jour suffit sa peine. En vous souhaitant une bonne journée. Cordialement, Lindaboie
* Glossaire imminent sur www.levolatile.com
Deux cent quatre vingt seize euros au lieu de trois cent quatre vingt quatre euros !