Domaine du Cros de Philippe et Julien Teulier Lo Sang del Païs Marcillac 2015 vin rouge
« – Allo ? Bonjour c’est Linda Grabe.
– Ah, oui ! Aaaaah !
– ?
– …
– Allo ???? Allo !!
– …Excusez-moi, je tombais. Vous comprenez, je suis dans les vignes ! Et là on est à 50 % de pente! Il faut bien se tenir ! Alors, comment allez-vous ma chère Linda ?…»
Et oui, ça penche dans le vignoble de Marcillac et la beauté des lieux donne le vertige ! Et puis 32 habitants à l’hectare, soit plus de vaches que d’êtres humains, ça fait rêver aussi parfois !
Moins les amis d’école de Philippe Teulier qui sont tous partis en ville, laissant Philippe, seul, accroché à son hectare de vigne. Pas démuni pour autant, il a décidé d’être vigneron et a commencé par arpenter les terrains. Puis il a repéré les terrasses historiques, abandonnées car trop laborieuses, a analysé les terres, a donc re-terrassé, planté pendant des années.
Un vrai travail de Titan
Un vrai travail de Titan dont il est assez fier, aujourd’hui à la tête de 26 hectares de vigne et le marcillac le plus prisé de l’appellation. En 2005, ses paires lui ont même attribué le Prix d’Excellence du Concours Général qui vient distinguer la qualité régulière d’un domaine sur 5 ans. Ses amis n’en reviennent pas et se demandent parfois, coincés dans leur 32 m2 urbains, s’ils ont fait le bon choix à l’époque. Le fils Teulier, Julien, n’a pas fait la même erreur. Il est resté et prend la relève de son père.
En plus d’avoir replanté le vignoble historique, Philippe Teulier a toujours défendu avec ferveur le Fer Servadou (ou mansois), le cépage local consacré en 1990 quand Marcillac est devenu une fine appellation. Il a lutté contre l’invasion du merlot qu’il a toujours refusé dans ses cuvées.
Car selon lui, le merlot dilue le goût du Marcillac et ne sert en fait qu’à cacher le manque de maturité du fer servadou. Et alors, pourquoi ne pas obtenir une belle maturité du Fer Servadou (ou mansois) ? Ce serait plus simple non ? C’est ce qu’a fait Philippe Teulier. Son raisin est mûr, le caractère anguleux qu’on reproche au fer servadou, disparaît complètement : ne se sentent que la réglisse, la cerise, la mûre et la myrtille, ne se montre que sa couleur rouge sang et ne s’apprécient que la belle franchise, la fraîcheur et la fermeté d’un raisin qui ne cède pas .
Mais c’est où Marcillac ?
Mais, au fait, c’est bien beau tout ça, mais c’est où Marcillac ? Dans l’Aveyron. Pas dans le Gers à Marciac, non, pas de festival de Jazz à Marcillac.
Plus précisément, au-dessus du Tarn, en-dessous du Cantal, à droite du Lot et à gauche de la Lozère. Sinon, vous voyez Millau, son grand pont ? Et bien, vous en descendez, passez devant le Macdrive, puis allez en direction du Nord, vers Rodez, et là vous continuez encore un peu et arriverez à Marcillac, ses vignes, son église et son Teulier.
Si vous souhaitez faire local, vous boirez votre Marcillac 2015 (super millésime au passage)avec une truffade (pomme de terre, fromage et ail…) ou autres spécialités aveyronnaise, comme la saucisse de là-bas. Enfin, sachez que l’on attribue au Marcillac des vertus thérapeutiques. Il diminuerait les maladies cardiaques et le taux de cholestérol. Les Japonais, en raffolent. Alors, si vous voulez faire comme eux et si vous êtes aussi en quête d’une jeunesse éternelle, buvez le Marcillac 2015 sur une anguille crue ou fumée. Voilà. C’est tout. Bonne fin de journée.
Jusqu’à dimanche, le carton de la semaine…
